~~~~~~~La dette : un instrument de domination financière
L’inégalité des échanges et les pressions monétaires, ont méthodiquement balisé le chemin vers le surendettement de nos Etats.
La dette africaine, participe de cette volonté de domination financière des pays riches, sur les pays pauvres. Les causes de l’endettement ne sauraient donc se résumer uniquement à l’absence de démocratie, de bonne gouvernance, ou la corruption de nos gouvernants, dont la responsabilité bien que réelle, n’épuise pas tous les aspects du problème. Cet endettement, résulte à notre sens, de la volonté délibérée d’individus désireux de réaliser d’énormes profits, en accordant des crédits à des taux d’intérêts excessifs à des pays qu’on s’est évertué de à maintenir, dans d’énormes difficultés économiques.
Ces Etats fragilisés par plusieurs siècles d’exploitation et de pillages, des pays à la marge du système d’échange international, n’ayant aucun contrôle sur la fixation des prix de leurs matières premières, et à l’égard desquels, est pratiqué un protectionnisme quasi-systématique sur leurs produits d’exportation, ne pourront que difficilement disposer des devises nécessaires au remboursement de leur dette.
Cette situation a conduit aux fameuses politiques d’ajustement structurel, qui ont aggravé la paupérisation des masses africaines.
Nos Etats, sous les diktats des institutions financières internationales, ont été contraints de procéder à la réduction de leurs dépenses publiques, privant les populations des services et commodités de base.
Ces politiques, ont obligé nos pays à accorder d’énormes concessions aux entreprises étrangères, en abaissant les protections douanières, ouvrant ainsi largement leurs marchés aux produits manufacturés en provenance des pays industriels.
A cela s’ajoute entre autres avantages, la réduction des impôts sur les bénéfices des entreprises étrangères, les privatisations massives et un code du travail facilitant l’exploitation des travailleurs.
Ces énormes concessions accordées par nos Etats aux entreprises étrangères, n’ont ni résorbé le chômage de façon significatif, ni amélioré le fonctionnement des services privatisés. Au Sénégal par exemple, la privatisation de la société nationale des chemins de fer à conduit à la raréfaction du trafic passager, celle de l’eau et de l’électricité, aux pénuries d’eau et aux délestages intempestifs.
Il apparaît clairement, que la dette, qui joue un rôle essentiel, dans le projet d’expansion de la sphère d'influence commerciale, économique, militaire et politique des pays occidentaux, est une entreprise d’escroquerie financière méthodiquement préméditée, afin de nous conduire dans la situation que nous observons. C’est-à-dire, le transfert de certaines compétences de nos Etats aux institutions de la communauté financière internationale, et un drainage des capitaux des pays pauvres, vers les trésoreries des pays riches, facilitant ainsi la spoliation, l’exploitation et causant la paupérisation de millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Ce serait faire preuve de naïveté, que de considérer que ces actions résultent tout simplement, d’actes isolés dont la conjonction ne serait qu’accidentelle. Ce sont les conséquences de décisions prises par des professionnels, au service de groupes d’intérêts identifiables, qui tirent profit de cette situation. D’autant plus, que ce sont les mêmes pays présents dans les institutions financières internationales, qui mènent des politiques économiques restrictives à l’encontre des pays du Sud.
La corruption endémique des dirigeants africains dont on parle tant, fait partie intégrante de ce système de confiscation de nos indépendances et de nos libertés. Car Il faut bien une classe absolument corrompue, pour organiser le pillage des ressources de nos pays, provoquer la généralisation de la misère et compromettre l’avenir de millions d’enfants, en s'endettant pour des siècles, permettant ainsi au monde entier de piétiner la dignité de tout un peuple.
Extrait du livre "Afrique, l'Appel de l'Honneur"