Afrique, Appel de l'honneur
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« Ce texte s’adresse principalement aux Africains, il se veut une invitation aux fils et filles du continent, à se pencher plus sérieusement et plus activement sur le sort de l’Afrique. Il est né des nombreuses interrogations qui ont pu traverser l’esprit de tout Africain, indigné par la condition de « l’Homme Noir » dans le monde. Condition marquée depuis l’esclavage, par un fort sentiment d’Impuissance. 

Impuissance des dirigeants, qui ne disposent d’aucun pouvoir réel sur les décisions politiques, économiques et environnementales dans nos états.
Impuissance des populations, qui devant les désastreuses conditions sociopolitiques du continent, rejettent toute la responsabilité sur le dos des dirigeants, souvent imposés, se sentant ainsi peu impliquées dans la lutte pour le progrès collectif de leurs pays.

Cette situation nous a installés dans une sorte d’inertie, qui se traduit par une incapacité à construire des institutions et des organisations capables d’impulser des transformations profondes dans nos sociétés. C’est cette Impuissance, qui nous empêche d’exprimer les éléments essentiels de notre culture, ceux là mêmes qui déterminent notre rapport à nous mêmes, à nos semblables et à la terre. Il faut bien reconnaitre que la « Culture Africaine », ne régit presque plus rien d’essentiel sur le continent. Elle est en dehors de notre système éducatif, de nos institutions politico-judiciaires et de notre vie économique.

Peut-on réfléchir sur la condition de « l’Homme Africain », sur la situation du continent africain, en faisant abstraction de l’impact des rapports qui lui ont été imposés par les puissances coloniales ?

Les énormes moyens déployés par les corporations multinationales, qui concentrent, entre leurs mains, la majorité du pouvoir économique et financier, contrôlent les organes des mass media pour accroître leur influence, auraient-ils laissé nos sociétés indemnes ?

Doit-on considérer nos « mentalités », comme constituant les seuls obstacles au progrès du continent ?

La longue nuit coloniale, n’aurait elle pas modifié et structuré le contenu de nos consciences ?

Les mécanismes de cette domination, ainsi que ses effets ont il été suffisamment étudié pour pouvoir déterminer ce qu’il reste, d’« Africain » aujourd’hui, dans nos mentalités ?

Les sociétés asservies depuis des siècles, dont les populations ont perdu toute emprise sur leur espace, leur temps et, parfois même, sur leurs corps, affaiblis par les nombreuses contraintes et privations dues à l’exploitation de leur labeur, peuvent-elles ne pas produire des personnalités étouffées, de voir leurs valeurs dévoyées et leurs consciences altérées ?

Tout porte à penser que les chaînes de l’esclavage n’ont pas été totalement brisées, que les indépendances africaines n’étaient que des indépendances factices et que par conséquent, la libération de l’Afrique reste à faire.
Si les choses ont changé depuis la « décolonisation », c’est plutôt en pire. L’Afrique est assiégée de toute part, par des forces armées étrangères, ou dirigées à partir de l’étranger, ses populations civiles constamment agressées et humiliées, ses terres accaparées, et fait face à une pauvreté qui s’accroît de façon dramatique.

Tout cela devant le silence complice de la majorité des autorités religieuses, traditionnelles, politiques et académiques du continent.
L’absence de toute pensée critique, l’adoption d’un système éducatif aliénant, nous ont rendu incapables de dévoiler les ressorts de notre oppression, d’en démasquer les fallacieuses justifications morales que nos oppresseurs utilisent pour renforcer leur autorité. Ceci nous a installé dans un état de déni de notre situation de dominé. C’est ce qui nous empêche de voir la continuité du colonialisme dans le monde actuel. Car c’est bien nier la réalité que de considérer l’asservissement du peuple africain comme relevant du passé.

Notre incapacité à prendre conscience de notre servitude, révèle la profondeur de notre aliénation, ce qui nous pousse à adopter des idées et comportements, qui contribuent à maintenir et perpétuer notre oppression.

La riche civilisation africaine est en état de destruction avancé. La prolifération des édifices et des gadgets électroniques qui donnent l’illusion du « progrès », cachent mal l’apathie culturelle généralisée, causée par la pauvreté endémique et, surtout, par la perte d’emprise sur nos destins, favorisée par la persistance de « l’aide humanitaire ». N’est ce pas mourir à petit feu, que de dépendre des autres pour presque tout ?
Presque toutes nos activités sont tournées, essentiellement, vers la satisfaction des besoins des occidentaux ou servent à leur enrichissement.
Les Africains sont dans leur grande majorité, occupés à la distribution de biens et services produits et fournis par les entreprises occidentales.
A tous les niveaux d’activités politiques, économiques et culturelles dans nos pays, les Occidentaux sont présents pour nous dire « que faire » et « comment le faire ».

L’existence des Africains, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou animistes, est beaucoup plus orientée par les standards définis par les Occidentaux que par les croyances dont ils se réclament. »


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Dernière publication : 16/04/2024