Protection de l’enfance ou contrôle social ?


« Dans leur volonté de nous rejeter hors des sentiers de l’Histoire humaine et de souligner la nature exceptionnelle des Européens, beaucoup d’ethnologues ont voulu nous faire croire que, l’une des différences majeures des sociétés occidentales modernes d’avec nos sociétés dites primitives était justement l’individualisme. Que le rôle de l’individu apparaît comme l’une des variables les plus fondamentales. Que nos sociétés, en ne valorisant pas l’individu, étoufferaient ainsi tout sens de la responsabilité, d’indépendance et capacité d’innovation ; ce qui serait à l’origine de la léthargie du continent africain.

 
Rien de plus faux, que de considérer que les cultures africaines en général ne valorisent pas l’individu et n’encouragent pas l’indépendance et le développement de l’individualité, ou que l’individu serait plus libre en Occident.
Dans toutes les sociétés, l’individu doit rendre compte de ses actes et se soumettre à une autorité supérieure qui organise et fixe par des lois, les bornes de sa liberté.

Toute société pour maintenir l’équilibre social, limite les libertés individuelles, en fonction des objectifs qu’elle juge conforme aux valeurs qu’elle chérit.

En Afrique, tout comme en Europe, la communauté par l’intermédiaire de la puissance publique, intervient et encadre dans la vie, l’éducation de l’individu. Ce n’est pas seulement en Afrique « qu'on a besoin de tout un village pour éduquer un enfant ». C’est le cas aussi en Europe, seules les modalités d’interventions diffèrent. Là où l’enfant n’est pas soumis au contrôle des proches voisins, les services sociaux et institutions judiciaires s’en chargent et prennent souvent des décisions qu’aucun voisin en Afrique ne pourrait se permettre, par exemple retirer la garde d’un enfant à sa famille pour le placer dans des institutions spécialisées. « Extrait « Afrique, l’Appel de l’Honneur ».

Ces propos que je tiens dans un essai intitulé « Afrique, l’appel de l’honneur », non encore publié, mais que j’ai mis à la disposition du public pendant une année, et qui figure dans le chapitre « individu versus communauté », semblent de façon ironique, avoir été utilisés contre moi, afin de s’attaquer à ma famille et peut-être de tenter de salir mon honneur.

Nous avons, reçu un courrier du service départemental d’action social de notre lieu de résidence en avril 2017, pour « informations préoccupantes » au sujet de nos enfants, sur le fondement de propos rapportés par Madame L. M., une personne qui effectuait son service civique au sein de la mairie de notre commune et qui animait un petit atelier de théâtre auxquels participaient deux de nos enfants.

Cela est intervenu, deux mois après mon appel pour la mise en place du Réseau International d’Echanges et de Solidarité pour l’Unité Panafricaine, R.I.S.E. -U.P. (lancé le 21 février 2017).

Les raisons exacts qui ont déclenché cette procédure, demeurent jusqu’au jour d’aujourd’hui, confus dans notre esprit, car les versions différent presque d’un entretien à l’autre. Lors de la première rencontre, les assistantes sociales nous ont fait savoir que c’est suite à un jeu de rôle que nos enfants, à la demande de l’animatrice, auraient joué des punitions de parents envers leurs enfants. Celle-ci a soupçonné l’existence de punitions corporelles à la maison et en a parlé au maire. Lors de la réunion d’évaluation, la version était que notre fils aîné aurait dit que ses frères et sœurs recevaient des coups de ceinture, et qu’il trouvait cela normal. Puis, lors de la parution devant le juge pour enfants, il est noté, dans le rapport, que notre fils aîné aurait confié, en aparté, à l’animatrice qu’il recevait des coups de ceinture. Notre fils aurait donc pris comme confidente, une animatrice dont le caractère désagréable l’a conduit à cesser de participer à ses ateliers, et dont il avait, selon les termes même du résumé du rapport, lors de la réunion d’évaluation, relevé son « incohérence pédagogique » car elle leur interdisait ce qu’elle-même faisait. Enfin, dans la décision du juge, c’est la version de la réunion d’évaluation qui est retenue.

Nos enfants concernés nient catégoriquement toute scène faisant allusion à des punitions à la maison, la seule scène qui serait similaire à celle évoquée, dont ils ont souvenir, est celle dans laquelle le garçon disait à sa sœur de ranger sa chambre, sinon qu’il allait la gronder.

La décision du juge des enfants de recourir à un organisme indépendant pour mener une nouvelle enquête est une façon de reconnaître les manquements qui ont entaché cette procédure, et qui nous pousse à vous en faire part. A aucun moment nous n’avons été écoutés, devant le juge. La partie adverse était ouvertement créditée de l’objectivité à chaque fois qu’on lui donnait la parole, et nous du mépris total allant même jusqu’à considérer un simple mouvement de ma part, la seule fois où on m’a donné la parole, comme signifiant la fin de mon intervention, si bien que j’étais obligé de la prendre.

Si nous sommes prêts à coopérer pour le bien de nos enfants, nous déplorons vivement une procédure dont les motivations sont aussi obscures que ses objectifs, tant elle semble donner peu d’importance à la vérification des informations ; une procédure entachée d’incohérences ainsi que de préjugés racistes, n’hésitant pas à utiliser la manipulation et l’intimidation. Une procédure qui donne l’impression d’être plus soucieuse de « préjuger » les parents que du bien-être des enfants. Une procédure dans laquelle on a du mal à savoir s’il s’agit de juger des faits de maltraitance ou un mode de vie.

Nous n’arrivons pas à comprendre les raisons qui les ont poussées, dans le cadre d’une enquête sociale, où les parents sont soupçonnés d’utiliser des châtiments corporels, de s’abstenir d’interroger le médecin de famille. L’usage d’une « boucle d’une ceinture pour infliger des corrections même si on évite le visage », ne devrait-il pas occasionner des lésions ?

De ne pas respecter la procédure prévue par le décret, en effectuant au moins une visite à domicile, ce qui n’a pas été fait.

D’affirmer que nous voulons retirer nos enfants du monde extérieur alors qu’ils fréquentent des établissements scolaires et participent à différents ateliers organisés au sein de la commune où dans d’autres villes. D’ailleurs, la plainte n’est-elle pas partie d’un atelier de théâtre ?

D’utiliser les éléments les plus anodins de notre vie privée, afin de les retourner contre nous. Alors qu’une discussion avec les parents auraient fait ressortir que nos choix de vie relèvent d’une réflexion rationnelle poussée et pédagogiquement pertinente.

D’adopter une position de déni du racisme subi par nos enfants, de dénigrement, et de diffamation raciste.

 
Madame M.
a nié les actes racistes subis par mon fils au sein de son établissement scolaire et a dit qu’il n’y aurait eu qu’un seul incident où il s’était battu avec l’auteur de l’insulte raciste et ils avaient été punis de façon normale comme c’est le cas dans une bagarre entre élèves.

N’est-il pas surprenant, qu’une punition suite à une bagarre suscitée par une insulte à caractère raciste, même si elle n’a pas été caractérisée ni traitée comme telle au sein de l’établissement mais dite devant témoins à l’école, et relaté par notre fils aux assistantes sociales, puisse être considérée comme « normale », par un membre de la mission de protection de l’enfance. Peut-on confondre le caractère normal de la punition d’une bagarre entre élèves et le caractère anormal de la raison qui a conduit à cette dispute, à savoir une insulte raciste punie par la loi ?

S’il est possible de déclencher une procédure de signalement sur de simples présomptions, au nom de la protection de l’enfance, que penser de ces personnes de ce service qui peuvent trouver « normal » des insultes racistes, punies par la loi tout autant que la maltraitance, comme si elles ne portaient pas atteinte à sa dignité, n’étaient point dévalorisantes ?


Madame M. a elle-même proféré des propos relevant de la diffamation raciale, en présence de ma femme et d’une assistante sociale. Quand j’ai nié toute forme de maltraitance, elle m’a rétorqué « que les ressortissants des Dom Tom avaient aussi tendance à nier, surtout que chez eux la loi était plus tolérante et qu’il en était autrement quand ils venaient sur le territoire français ». Et elle l’a répété au moins à trois reprises comme si elle voulait me narguer. Elle ignore d’ailleurs que le Sénégal se trouve en Afrique, une information pourtant à la portée d’un simple clic.

Affirmer que les « ressortissants des Dom Tom ont souvent tendance à nier les actes de maltraitance, car la loi sur leur territoire serait plus clémente », est ouvertement diffamatoire. Il suffit de remplacer « ressortissants des Dom Tom » par « Français » et « maltraitance » par pédophilie, « s’il faut un dessin » pour s’en rendre compte.

Ces propos sont venus confirmer l’attitude condescendante de cette dame, qui s’est traduit, tant par des comportements non verbaux, que dans son discours.

  • refus de contact visuel lors de l’accueil, détournement de la tête pour regarder sa collègue comme si elle ne comprenait pas mes mots,

  • à travers les mots qu’elle a utilisés pour décrire les propos des différents protagonistes. Par exemple : Madame M. a « affirmé », mes enfants ont « affirmé » quant à moi, j’ai « l’impression » d’être victime de racisme. Je lui ai fait remarquer, que ces propos étaient de nature à m’infantiliser, car visant à me faire passer pour quelqu’un incapable de distinguer la réalité de la fantaisie,

  • Quand j’ai essayé de faire comprendre à Madame M., que les incidents évoqués et qui sont de nature à inculquer un sentiment d’infériorité à nos enfants, étaient loin de relever de mon imagination, qu’ils prenaient place dans un contexte socio politique qui les banalisait, en lui citant des exemples tirés de l’actualité,  elle m’a rétorqué avec la condescendance, qu’elle a adoptée à mon endroit durant tout l’entretien, que j’évoquais des faits divers, que j’étais dans l’anecdote.


Cette équipe ne craint pas de manquer à sa parole. Alors que nous attendions leur visite à domicile, qui devait s’effectuer d’après leurs dires après les vacances estivales. Nous avons été convoqués à un rendez pour une réunion d’évaluation pendant ces mêmes vacances. Et alors que Madame M. nous a affirmé à la fin de cette réunion d’évaluation qu’elle allait faire examiner les enfants par le médecin de la P.M.I, dès que ce dernier serait rentré de vacances, nous avons reçu deux mois après le courrier nous annoncer que le dossier a été transmis auprès du procureur, sans avoir effectué cet examen médical.

Nous tenons à noter que nous n’avons pas reçu de convocation lors de la parution devant le juge pour enfants qui nous a dit avoir reçu un retour du courrier parce que nous ne l’avons pas retiré. Nous avons respecté tous les rendez et ne voyons aucune raison de ne pas répondre à la convocation du juge devant lequel nous espérions être écoutés. D’autre part, sur la convocation de la représente du C.D.A.S. qui semble être un membre de l’A.S.E et n’a jamais entendu les enfants, il était soit disant mentionné que la présence des enfants les plus âgés était souhaitable, ce qui ne figurait point sur la convocation retirée auprès du greffe par notre avocat, qui nous a fait connaître la date de parution devant le juge pour enfants.

Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, je ne peux m’empêcher d’avoir la forte conviction, d’avoir eu affaire à une équipe plus animée par le désir de faire montre d’autoritarisme, que le souci de l’intérêt des enfants. Une équipe cédant aux préjugés racistes, et habitée par la volonté de charger les parents, principalement un père assertif, qui ne correspond peut être pas, à l’image obséquieuse que l’on attend d’un ressortissant Africain.

  • Nous nions toute forme de maltraitance à l’égard de nos enfants. Il n’existe d’ailleurs, aucun signe d’impact de maltraitance,
  • Nous affirmons sur l’honneur, que si de tels châtiments étaient pratiqués dans notre famille, nous n’hésiterions pas à le reconnaître,
  • Nous nions toute volonté de les soustraire au monde extérieur, au contraire nous faisons de notre mieux pour les éveiller au monde qui dépasse de loin les étroites frontières nationales de pays, quels qu’ils puissent être,
  • Nous nions tout manquement dans nos obligations parentales qui seraient de nature à porter atteinte à la santé, la sécurité et le développement de nos enfants.

Nous ne reprochons pas à l’équipe du C.D.A.S « de n’avoir pas fait correctement son travail parce qu’elle n’a pas effectué la visite à domicile », mais parce qu’elle n’a pas respecté la procédure, notamment le décret qui dit qu’« au cours de l'évaluation, seront pris en compte l'avis du mineur sur sa situation, l'avis des titulaires de l'autorité parentale sur les besoins du mineur, leurs difficultés éventuelles, leur compréhension de la situation et les propositions qu'ils pourraient formuler ».

C’est l’Art. D. 226-2-6 de l’article 1 du décret n° 2016-1476 du 28 octobre 2016 pris en application de l'article L. 226-3 qui dit : « Un ou plusieurs membres de l’équipe pluridisciplinaire rencontrent le mineur et les titulaires de l’autorité parentale au moins une fois à leur domicile ».

Nous reprochons aux membres de cette équipe de n’avoir pas respecté le code d’éthique et de déontologie des travailleurs sociaux, qui dit en son Art. 10 dudit - « Lorsqu'il intervient, l'Assistant de Service Social procède à une évaluation aussi complète que possible avant de proposer une réponse à la demande formulée ».

De ne pas avoir respecté tout simplement, les règles déontologiques qui s’imposent à tout professionnel responsable.

Ceux dont leurs recommandations et les actions professionnelles peuvent altérer la vie des autres, doivent être attentifs à ne pas abuser de leur influence. Ils doivent être conscients qu’ils sont soumis aux mêmes exigences de respect des normes morales, éthiques et légales que les citoyens ordinaires, et ont la responsabilité d’accomplir leur mission selon les normes d'excellence et d'intégrité professionnelles les plus élevées, s’ils ne veulent pas perdre la confiance du public à l’égard de leur profession et trahir leur mission.

Nous pensons que le respect de la procédure n’est pas une question de caprice mais une question de principe. Le non respect de la loi ou de la procédure donne à penser que ceux qui sont censés dire le droit seraient eux-mêmes la loi.

D’autre part, c’est par une évaluation complète de la situation que l’on apprécie la « réalité », la « nature » et le « degré du risque » ou du danger encouru par nos enfants, ainsi que le niveau de « prise de conscience des parents », et leurs « ressources propres ».

Aucune action n’a été entreprise dans ce sens et cela ne semble pas avoir été leur préoccupation. L’équipe qui a passé plus de temps à nier le racisme, n’a montré aucune volonté d’écouter les parents, ni montré un quelconque souci du sort des enfants.

C’est pourquoi nous affirmons qu’une équipe qui ne respecte pas la procédure, rédige un rapport sans véritable investigation, se rend coupable de paroles relevant de la diffamation raciste, manque à sa parole, qualifie un projet dont elle ignore la teneur, de prétexte, ne saurait être très crédible dans sa prétention à rapporter fidèlement la « parole des enfants », surtout ceux qui ne s’expriment toujours pas clairement.

Nous avons des raisons de penser, que ce qui est présenté de façon péremptoire comme la « Parole de l’enfant » serait, si on veut rester dans les limites de l’objectivité, plutôt une parole rapportée.

Le fait que cette équipe ait qualifié de prétexte un projet dont elle ignore tout, constitue un acte de dénigrement évident.

C’est une accusation sans aucun fondement, ouvertement médisante, qui montre une volonté délibérée de salir l’image d’une famille, et de juger des individus au lieu de juger des faits. Elle résume à elle seule, l’esprit qui a habité cette équipe, dont la volonté était de charger la famille.

Les conditions d’une mesure d’assistance n’ont pas été établies. Il me semble assez incohérent de prétendre s’inscrire dans une démarche d’assistance et d’accompagnement, en commençant par ruiner les bases de toute coopération en stigmatisant, jugeant, méprisant ceux que l’on se propose d’aider au moment ou aucune relation de confiance n’a été établi.

Nous dénonçons vivement une intervention qui ressemble beaucoup plus à une mesure de police qu’une mission de protection de l’enfance. Une intervention qui ne respecte ni l’esprit de la loi ni le décret, encore moins les règles de politesse les plus élémentaires, en tenant des propos relevant de la diffamation raciale. Une intervention qui a mis une pression inutile sur nos enfants et a gravement entamé leur confiance en des personnes qui ont déformé leurs propos.


Nous réitérons notre volonté de coopérer sur la base de faits avérés de notre incapacité à exercer notre rôle de parents, à nos manquements en manière d’éducation, ou par des comportements et agissements qui mettent en danger la santé, la sécurité ou la moralité ou compromettent le développement physique, affectif, intellectuel et social de nos enfants. Mais nous ne pouvons pas accepter de reconnaître ce que en notre âme et conscience, n’avons pas été l’auteur, parce que « les ressortissants des Dom Tom le nient ». Si je dois répondre de mes fautes, ce ne serait pas parce que je viens d’une certaine zone géographique, d’une aire culturelle déterminée, mais parce que, en tant qu’individu, j’ai des imperfections et limites qui me sont propres et qui engagent ma responsabilité.

Si nous sommes pour le principe de la protection de l’enfance, qui ne le serait pas d’ailleurs, nous pensons, qu’aussi importante que puisse être le souci d’assurer cette protection, il ne saurait justifier la légèreté avec laquelle on peut s’octroyer le droit de s’immiscer dans la vie privée des individus, menacer la stabilité de leurs familles.

 
Il est assez facile de se refugier derrière les bonnes intentions professées. La sincérité des bonnes intentions se juge aux soins pris pour s’entourer de gardes fous capables de protéger les droits fondamentaux, prévenir les éventuelles failles et manquements inhérents à tout être humain, quelle que soit sa profession. Prendre en considération les limites humaines, c’est protéger les enfants et les familles d’éventuels abus et dérives qui pourraient transformer leur existence en enfer et causer plus de dommages que les peurs et risques que l’on est supposé éviter. C’est surtout faire peu cas de l’intérêt des enfants que de prétendre pouvoir saisir la complexité d’une vie après quelques heures d’interrogation.

La vie est trop précieuse pour laisser l’avenir et le bien être des enfants sous la responsabilité de personnes qui peuvent céder à l’arbitraire de leurs humeurs, egos, préjugés, ou d’éventuels reflexes de solidarité corporatiste,  ethnique ou raciale.


Cette expérience rappelle de façon dramatique à l’Africain que je suis, la période coloniale. Cette période durant laquelle les enfants des peuples colonisés étaient séparés de force de leur famille et enlevés pour être exploités pour leur travail ou pour servir de moyen de pression contre des dirigeants peu coopératifs : (enfants aborigènes en Australie, réunionnais, école des otages etc.)

Si la séparation des enfants de leurs familles pouvait à l’époque concerner les familles aussi bien européennes que non européennes, pour ces derniers, la négligence ou la maltraitance était « pré-jugée », et mettre les enfants dans des familles européennes, c’était leur faire « bénéficier des bienfaits de la civilisation ». Dans cette sombre entreprise, les services sociaux de l’époque n’ont bien entendu « fait que leur travail ». Cet état d’esprit n’a pas beaucoup changé. Les enfants qui n’ont pas accès aux mêmes gadgets, aux mêmes loisirs que les enfants occidentaux doivent forcément être malheureux. 

La stratégie de cette équipe basée sur l’intimidation, comme l’a exprimé Madame M., qui dit « qu’il est bien que les parents aient peur », semblent être très loin des objectifs qui devraient être ceux d’une mission de protection de l’enfance. Même si on peut comprendre le besoin d’inspirer la peur des sanctions ; la peur n’a pas éliminé le crime, encore moins les nombreux dysfonctionnements sociaux. Les travailleurs sociaux sont-ils des agents de répression ? Leur méthode pourrait s’inspirer des approches de certains pays européens où les familles sont accompagnées par les mêmes institutions de protection de l’enfance, n’en faisant pas ainsi des ennemis, mais des personnes à aider. Des pays où on prend le temps de voir si les menaces et risques peuvent être jugulés en discutant avec les familles avant le déclenchement de la procédure.

Le rapport d’investigation est établi sur la base d’un plan d’investigation. Ce rapport comprend les informations fournies par les parents et l'enfant sur les sujets du plan d'investigation et celles fournies par des tiers. Un rapport préliminaire avec une recommandation est envoyé aux parents et, en fonction de leur âge, aux enfants, permettant ainsi que des faits mal énoncés puissent être modifiés et d'ajouter des commentaires au rapport dans un annexe, avant sa rédaction définitive.

Les familles peuvent se faire assister d’un conseiller: un membre de la famille, un ami, un avocat ou autre.

Outre ces conseillers, les familles ont également accès à un conseiller indépendant certifié, chargé d'informer et de conseiller les familles et les soutenir sur les questions juridiques et d’éventuels problèmes et des plaintes au sujet de la procédure. Ici, il n’y a aucun plan ou engagement écrit, aucun service ou s’adresser en cas d’abus, c’est leur parole contre celle des parents.

De véritables mesures d’assistance, devraient commencer dès le début de la procédure, sinon les travailleurs sociaux risquent d’être réduits à des agents chargés de gérer le statu quo.

Sans une réflexion profonde sur les procédures et modalités d’intervention, la protection de l’enfance risque d’être au service d’une politique de contrôle social et de gestion de la précarité par des politiques qui se soucient peu de l’Humain.

L’augmentation du nombre des travailleurs sociaux n’empêche nullement l’augmentation de la demande sociale, par la multiplication des cas de dysfonctionnements causés par des politiques émanant d’individus qui apparemment souffrent de dysfonctionnement plus graves.

N’est ce pas même un signe évident de dysfonctionnement que de voir ceux qui s’entêtent à perpétuer et maintenir un système anxiogène, criminogène, destructeur de l’équilibre social et écologique ?


Les dysfonctionnements sociaux sont souvent l’expression individuelle des mauvaises décisions politiques, les symptômes d’une société malade. Parce que, si on prend le temps de réfléchir on se rend compte que bon nombre de politiques sociales sont porteuses de criardes inégalités, que leurs nobles prétentions ne sauraient occulter.

Nous vivons dans un monde disposant des plus grands dispositifs juridiques pour protéger la vie, la dignité et la liberté, qui sont paradoxalement menacés par des politiques menées ou encouragés par ceux-là mêmes qui conçoivent ces textes.

Si le sort des enfants les préoccupe tant, pourquoi cesse-t-il de l’être une fois qu’ils sont parvenus à l’âge adulte ? Peut-on vraiment être pour la dignité de l’enfant si on peut piétiner la dignité de ses parents ?

Nous compatissons avec toutes les autres victimes de ces procédures abusives qui peuvent concerner toutes les catégories et classes et groupes ethniques. Mais, qu’en est-il des groupes historiquement stigmatisées ?


Ceux à l’égard desquels on est lent à réagir en leur faveur et plus prompts à sévir contre eux.

Ceux qui appartiennent aux groupes de ceux que l’on « connaît » tellement bien que l’on n’a pas besoin de se donner la peine de les découvrir. Ce qui est une façon de nier leur humanité, empêchant ainsi toute empathie à leur endroit. Ceux, dont l’expression de leurs souffrances « n’est qu’une excuse », les tortures et bavures dont eux et leurs enfants sont des victimes, « bien méritées ».
 
Si cette équipe s’est braquée en raison de mon engagement contre l’oppression des Africains, et la dénonciation du racisme1, je tiens à lui dire que si on ne veut ne pas entendre parler du racisme, il suffit de cesser de le pratiquer.

L’une des assistantes sociales m’a même questionné sur l’impact qu’aurait mon engagement politique sur mes enfants ? Les Français peuvent défendre des causes multiples, avoir un spectre idéologique qui va de l’extrême droite à l’extrême gauche ; se pose-t-elle alors la question de l’impact de leur engagement sur leurs enfants ? Y aurait-il donc honte à défendre la dignité humaine ? Transmettre à mes enfants le respect de Soi, de l’Autre ainsi que le sens de la justice, serait-il plus dangereux qu’encourager la haine de l’Autre ?


Le rapport mentionne que le « père s’occupe de combat d’adulte », le racisme et la dignité, ce qui est pour le moins surprenant. Le racisme et la dignité seraient-ils une affaire d’adulte ? Que cherche-t-on à préserver chez l’enfant victime de mauvais traitements, sinon sa dignité ? Les enfants ne souffriraient-ils pas du racisme ? Ce sont bien des adultes qui s’occupent de la protection de l’enfance, mon combat s’inscrit dans cette même veine.

Peut-on considérer s’entendre dire par ses camarades, que les « Africains sont des sauvages », « qu’ils ne sont pas intelligents », « qu’ils sont pauvres », ne contribue t’il pas à compromettre l’estime de soi des enfants, ne nuit-il point à leur développement personnel ?
Je n’ai évoqué le racisme qu’en rapport avec le problème de la maltraitance des enfants, de l’impact que leur stigmatisation par leurs camarades à l’école et le mépris affiché à l’encontre de leurs parents dont ils sont témoins dans les interactions avec les autres. Il s’agit d’une question de la plus haute pertinence à aborder quand on prétend s’intéresser au bien être des enfants ? Comment leur estime de soi peut être compromise par des expériences vécues au sein de différentes institutions, et dans des espaces de socialisation publics où ils peuvent se sentir dévalorisés à travers la dévalorisation de leurs parents.

Peut-on sincèrement nous convaincre de se préoccuper de l’intérêt de l’enfant, en ignorant les agressions morales et psychologiques dégradantes dont font l’objet des enfants particulièrement ceux d’origine étrangère, quand ces abus se déroulent au sein des salles de classes et dans les cours de récréation des institutions scolaires.


Quelles sont les études effectuées pour comprendre les agitations intérieures dues au sentiment de rejet, à la pression que subissent ces enfants ?

L’empathie de la représentante d’une institution de protection de l’enfance, chargée de protéger la dignité, d’assurer la sécurité, garantir le développement physique moral et psychologique de l’enfant, semble être très sélective.

Doit-on brimer les parents pour humiliation à l’égard de leurs enfants et laisser d’autres les dévaloriser impunément ?

Le souci de la protection de l’enfant devrait concerner tous les facteurs qui menacent sa capacité à entretenir des relations respectueuses envers son prochain.

Si la maltraitance de l’enfant se fait aussi bien par omission que par commission, le développement de l’enfant est tout autant menacé quand il apprend dès le bas âge la haine et le mépris de l’autre. Eduquer un enfant au mépris de l’Autre parce qu’il est différent, c’est le priver d’une part de son Humanité.


Les différentes tentatives de m’humilier durant cette procédure m’ont permis de comprendre que le délit d’outrage peut être juste un dispositif superflu, car certains n’ont point besoin d’aide, pour outrager leur propre personne, leur fonction et leur pays. Et que les véritables réfractaires au progrès, sont ceux qui depuis des siècles persistent à porter le même regard sur les Autres membres de l’Humanité. Ceux chez qui, les vieux discours du passé continuent de servir de grille de lecture à la réalité présente. C’est peut être pourquoi un proverbe wolof dit « Ku Naagu daagu » - « l’arrogant est inéluctablement condamné à la régression ».
 
Il est certaines tentatives de vous humilier qui finissent par produire l’effet contraire. Les petits hommes rabaissent leurs semblables, les grands les tirent vers le haut, plus haut qu’eux-mêmes si possible. L’arrogance est souvent le propre de ceux qui ne sont que ce que d’autres ont fait d’eux.
Elle est le propre de ceux qui manquent tellement de matière qu’ils s’accrochent désespérément à leurs postes, titres et fonctions, comme si sans cela, ils n’étaient pas grand-chose. Ceux chez qui la hauteur des fonctions n’accroit point le sens des responsabilités, mais le sentiment de supériorité.
 
Oui, je tiens à ma liberté et à ma dignité et je suis prêt à les défendre partout où je me trouve. Je n’ai pas à me baisser devant la condescendance, l’arbitraire et l’autoritarisme de quiconque, surtout de ceux dont aucune disposition légale encadrant leur profession, ne met au dessus de l’Humanité. Et je manquerais de bon sens en voulant être plus que moi-même, je n’ai pas non plus à me faire plus petit, juste pour me conformer à l’idée que certains se font d’eux-mêmes ou des autres.

Oui, je combats l’oppression des Africains et je ne m’en excuse point.

Je combats et refuse toute forme d’injustice, qu’elle se cache sous les titres pompeux, les postes prestigieux, les costumes d’apparat, ou les imposantes institutions. Et par souci de justice, je défendrais également tout individu qu’importe son appartenance ethnique ou religieuse, si sa dignité et ses droits étaient bafoués dans mon pays.


Je manquerais vraiment de cohérence si je devais m’abstenir de transmettre à mes enfants cet impétueux désir de Liberté et cette dévorante soif de Justice, reçus de mon éducation familiale, ou du moins encouragés par elle, en leur offrant une éducation qui les en priverait et étoufferait leur personnalité.

Nous faisons de notre mieux pour que nos enfants soient conscients qu’ils valent plus que leurs réalisations, leurs possessions, où leur apparence. Qu’ils aient assez de confiance en eux pour ne pas accepter un système qui les fait rivaliser avec leurs semblables, contre d’insignifiants privilèges, tels que des émoluments souvent en échange de leur docilité : une place de parking ou de « l’insigne honneur », de ne pas manger en compagnie des « gens ordinaires », qui pourtant, assurent leur confort, leurs salaires ou profits.
 
Et si notre mode de vie peut déranger certains, ce n’est pas pour autant que nous allons renoncer à notre liberté juste pour les rassurer. Et nous n’avons pas honte, quand cela nous sied, de « manger assis par terre, même si cela peut choquer certains ».
Nous sommes tenus de respecter les lois françaises, pas le « modèle français » ou le « mode de vie français », de même que les émigrés français vivant au Sénégal ne sont pas tenus de respecter le « modèle sénégalais », mais la loi sénégalaise.
Nos croyances, nos idéologies politiques, le choix de nos amis, de nos loisirs, nos choix vestimentaires et habitudes alimentaires relèvent de notre vie privée, de nos libertés fondamentales.


Et si nous n’avons l’intention d’effrayer quiconque, nous ne sommes pas non plus obligés d’apaiser les craintes et appréhensions de personne, parce que nous ne sommes les serviteurs de personne. Chacun doit gérer ses angoisses et ses problèmes existentiels à son propre niveau.
 
De quel droit peut-on se permettre d’imposer ses expériences et pratiques culturelles, comme si on était des êtres humains « réussis », ses goûts et aversions, qui d’ailleurs, ne sont pas partagés par l’ensemble de la population indigène ? N’est ce pas ce prétendre à une supériorité qui est l’essence même du racisme ? Existe-t-il un français modèle alors ? Quel est-il ?

N’est-ce pas une façon de suggérer que celui qui correspond véritablement au « modèle français » ne pourrait- être que de couleur blanche, qu’importent ses limites et ses défauts, qu’il soit généreux ou égoïste, qu’il soit intelligent ou sot ?

« Est-ce, ce cupide spéculateur dont l’horizon se limite à la recherche du profit par tous les moyens nécessaires capable de commettre les œuvres les plus basses, soutenir les entreprises les plus criminelles les plus atroces  pour parvenir à ses fins ?

Est-ce, ce travailleur précaire et parfois  surendetté, qui n’a pour  se réconforter que  la pensée de vivre dans un pays au PNB parmi les plus élevés au monde ?

Est-ce, cet individu qui n’a pour compenser sa médiocrité, que la fierté d’appartenir à un « peuple » qui est responsable des innovations technologiques les plus pointues, même s’il n’y a point contribué ?

Ou est-ce, ce généreux citoyen qui s’élève au-dessus des barrières culturelles et nationales, pour exprimer sa solidarité et son soutien aux luttes des opprimés partout dans le monde ? »

 
C’est assez curieux d’ailleurs, de voir la façon dont ceux qui célèbrent l’individualisme, se vantent de réalisations collectives, pour redevenir des individus, quand il s’agit de se désolidariser des atrocités commises contre les autres peuples.

La « couleur de peau » du « français modèle », lui donne t’il le droit d’interpeler tous ceux qui ne lui ressemblent pas, de la façon qu’il lui sied, selon son humeur, les traitant en toute conscience, d’une manière dont il est sur qu’il ne voudrait pas être traité ?


Cette attitude perdure en s’appuyant sur l’habituelle stratégie de déni du racisme, en le faisant passer comme une « excuse », n’hésitant pas à suggérer que la victime serait elle-même le raciste, ce qui est une façon commode de nier aux victimes la possibilité de défendre leur droit à être traitées avec respect. Ce déni constitue l’excuse idéale des « racistes », qui leur permet de continuer à faire souffrir certains membres des groupes dominés : leurs allusions racistes implicites, ou clairement formulées.
 
Il leur permet de leur imposer d’accepter en silence, de se faire regarder de haut par de plus disgracieux, moins intelligents, plus paresseux ou malhonnêtes qu’eux ; qui savent qu’ils ne valent pas plus que ceux qu’ils méprisent. Car ce serait vraiment manquer de discernement, que de supposer que la présence plus ou moins importante de mélanine préserverait de l’ignorance ou briderait l’intelligence. Un sot reste un sot, qu’il soit citoyen de la première puissance économique ou militaire, ou du pays le plus pauvre. Nous ne rencontrons pas des cultures ou des civilisations dans nos interactions quotidiennes, nous avons affaire à des « individus » qui, s’ils ont le droit d’être fiers de leur appartenance, ne peuvent pas nous imposer de nous incliner devant leur propre illusion de grandeur. Et si nous ne réfutons pas les échanges entre les peuples et les cultures, ces échanges doivent être libres. Si nous respectons toutes les civilisations, nous ne sommes impressionnés par aucune, surtout pas celles pour qui « la civilisation n’est qu’un cri de guerre sous un message de paix ».


Les Africains doivent mettre fin aux siècles de deshumanisation et d’humiliation de leur peuple, non pas en continuant de « dénoncer » le racisme, mais en neutralisant toute capacité de nuisance des racistes, et ces derniers sont loin d’être des gens ordinaires.

Rompre avec cette étroite conception du racisme, largement acceptée par la communauté Africaine de France, qui considère le racisme comme des propos, des comportements moralement inacceptables dus à l’ignorance. Ce qui fait peut être d’elle, bien qu’étant la communauté noire la plus importante d’Europe, a part quelques rares exceptions, l’une des plus dociles.
 
Si on pense souvent, à tort, que les préjugés sont l’apanage des « gens ordinaires », censés être des ignorants, on peut penser que dans les hautes sphères, cette ignorance se drape du manteau de l’arrogance qui consiste à se croire tellement intelligents que l’on se dispense de réfléchir. C’est justement la rencontre des préjugés avec le pouvoir qui constitue l’essence du racisme institutionnel. Les citoyens ordinaires peuvent penser que les « Africains sont sauvages », ou « pas intelligents », mais ils ne disposent pas du pouvoir de transformer leur vie en « enfer », en menaçant de leur arracher leurs enfants quand bon leur semble, de les torturer ou les assassiner impunément, d’attaquer leurs pays au nom de nombreuses « bonnes raisons ».
 
Cette définition permet d’occulter la dimension réelle du racisme en tant qu’expression de la domination occidentale sur les peuples du reste du monde.

Dans cette perspective, « le racisme anti-blanc », est l’expression d’une forme de déni du racisme, qui sert à museler ceux qui le dénoncent.

C’est comme accuser les femmes de sexisme. Si certains hommes peuvent être violés, on a du mal à imaginer des hommes habités par la crainte d’être attaqués par des femmes quand ils marchent dans la rue.


Détester le « blanc » ne peut pas l’empêcher d’accéder à l’emploi, au pouvoir, etc. Si la race n’existe pas, les privilèges acquis par la violence, l’exploitation qui y sont attachés demeurent réels. L’élément fondamental du racisme est donc le pouvoir.
La méfiance, des Africains envers les Occidentaux reposent sur des siècles d’expériences historiques négatives soutenues par un système d’inégalités qui a intérêt à les entretenir, ceux des Occidentaux sur des préjugés.

Le racisme ne se limite pas seulement aux propos insultants, intimidations, blagues de mauvais goût, remarques et commentaires mal placés et phrases « sortis hors de leur contexte ».

Limiter le racisme aux stéréotypes, émotions négatives c’est limiter notre capacité de faire face à sa véritable dimension, qui nécessite une réaction dans les différents domaines de notre existence qu’il affecte.

Le racisme dépasse les préjugés, c’est un système social qui structure politiquement, économiquement, culturellement et religieusement et autres, le pouvoir de certains groupes en leur accordant certains avantages au détriment d'autres, perçus comme inférieurs et indignes.


Il est un système institutionnel qui à travers des politiques, des conditions, des pratiques, maintient les inégalités d’accès au pouvoir, aux ressources et opportunités parmi les différents groupes ethniques ou raciaux.
 
Les citoyens épris de paix et de justice ne peuvent plus se voiler la face devant un monde ou les masques sont en train de tomber. Il ne suffit pas de se contenter de ne pas être « raciste »2, en continuant de soutenir un système ouvertement et structurellement raciste et oppressif. C’est aussi prétendre à une certaine forme de supériorité que de penser que les actions isolées de solidarité peuvent peser plus lourd que les destructions massives de vies et l’étouffement des énormes potentialités humaines.


Ils peuvent se rendre compte, que la colonisation n’appartient pas au passé. C’est sous leur yeux que l’on a attaqué l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Cote d’ivoire, le Mali, la Syrie entre autres et cela, sous le prétexte de « bonnes intentions ». C’est au nom des bonnes intentions qu’ont été commis et continuent de se commettre les plus grands crimes contre l’humanité. Ces citoyens ne peuvent plus continuer de se nourrir d’excuses fallacieuses. Ils doivent savoir que la paix relative dont ils jouissent depuis soixante treize ans sur leur continent, est due en grande partie, aux guerres et diverses déstabilisations que leurs différents pays mènent loin de leurs frontières contre des enfants, des femmes et des hommes comme eux.

Les citoyens du monde entiers, de toute idéologies, croyances et confessions religieuses, épris de paix et de justice, ne peuvent plus continuer de se taire et d’être passifs dans un « siècle injuste » qui, comme le dit si bien le poète Omar Khayyâm, a mis le « pouvoir entre les mains de  médiocres », qui bien souvent sont plus petits que les fonctions qu’ils occupent, l'état du monde peut en témoigner.


Ces « puissants » sont eux-mêmes bien conscients que leur domination sur le monde, leur autorité, leur pouvoir manque tellement de dignité que, faute de mériter le respect, ils préfèrent être craints. Que feront-ils quand les peuples opprimés auront désappris la peur ?


Sidya Diop

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Notes

1 “For most members of elite groups, this thesis is hard to swallow, being fundamentally inconsistent with their normative self-concept. After all, elites often see themselves as moral leaders and will therefore generally dissociate themselves from anything that has to do with racism as they define it. As a consequence, and as we shall see in our study of the press (Chapter 7), conclusions of research on racism and accusations of minority groups are often denied, marginalized, or even violently attacked by the elites, who thereby precisely confirm the plausibility of the thesis. As a rule, we may assume that as soon as elite interests are challenged, as in the domain of ethnic affairs, such elites will quickly forget the norms of tolerance and the values of equality that they supposedly espoused. This is not only true for politicians or corporate managers, but also for the cultural or symbolic elites, for example, in education, scholarship, the arts, and the media. The vicious conservative attack on "political correctness" when there are modest changes in the curricula of schools and colleges (mostly in the United States, but also elsewhere), in view of a more adequate reflection of the multicultural nature of society, show how deeply Eurocentrism is rooted as a force of ethnic and cultural dominance.
Traduction
« Pour la plupart des membres des groupes privilégiés, cette thèse est difficile à avaler, étant fondamentalement incompatible avec l’image de leur statut. Après tout, les élites se considèrent souvent comme des leaders moraux et veulent donc généralement se dissocier de tout ce qui a à voir avec le racisme comme ils le définissent. En conséquence, et comme nous le verrons dans notre étude sur la presse (Chapitre 7), les conclusions de recherches sur le racisme et les accusations des groupes minoritaires sont souvent niées, marginalisées ou même violemment attaqués par les élites, qui confirment ainsi précisément la plausibilité de la thèse. En règle générale, nous pouvons supposer que dès que les intérêts de l'élite sont contestés, comme dans le domaine des questions ethniques, ces élites vont rapidement oublier les normes de tolérance et les valeurs d'égalité qu'ils prétendent épouser. Ceci n'est pas seulement valable pour les politiciens ou les dirigeants d’entreprises, mais aussi pour les élites culturelles ou symboliques, par exemple dans le domaine scolaire et académique, les arts et les médias. Une attaque brutale contre le "politiquement correct», surtout quand il y a des changements modestes timides dans les programmes scolaires et les collèges (principalement aux États-Unis, mais aussi ailleurs), dans la perspective de rendre fidèlement compte de la nature réelle d’une société multiculturelle, révèle la profondeur de l’enracinement de l'européocentrisme, comme force de domination ethnique et culturelle.


P 9 Elite Discourse and Racism
Teun A. van Dijk
Sage Series on Race and Ethnic Relations volume 6
Ed SAGE Publications Inc 1993


2 “Many of both the subtly and the blatantly racist events that define the system of everyday racism are enacted, controlled, or condoned by white elites, that is, by leading politicians, professors, editors, judges, officials, bureaucrats, and managers. If whites are not themselves actively involved in these modern forms of segregation, exclusion, aggression, inferiorization, or marginalization, then their involvement in the problem of racism consists in their passivity, their acquiescence, their ignorance, and their indifference regarding ethnic or racial inequality”.
Traduction
« Bon nombre des actes racistes, latents ou manifestes, qui définissent le système du racisme quotidien sont adoptés, contrôlés ou tolérés par les élites blanches, c'est-à-dire par des politiciens, des professeurs, des rédacteurs, des juges, des fonctionnaires, des bureaucrates et des dirigeants. Si les Blancs ne sont pas eux-mêmes activement impliqués dans ces formes modernes de ségrégation, d'exclusion, d'agression, d'infériorisation ou de marginalisation, leur implication dans le problème du racisme consiste en leur passivité, leur acquiescement, leur ignorance et leur indifférence face aux inégalités ethniques ou raciales. » 


ibid., P 6

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Dernière publication : 25/09/2024