Sénégal, maintenir vivace la flamme de la résistance contre la domination néocoloniale
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partie 4)
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Le travail d’analyse et de description de l’univers impérialiste et de ses mécanismes, n’a pas pour objectif de pousser les populations africaines à tomber dans la victimisation, en se contentant de pointer un doigt accusateur sur les individus  et agents qui servent ce système ou sur le manque de moralité d’un système  immoral par nature, mais d’identifier les leviers sur lesquels agir pour reprendre le contrôle de nos sociétés afin d’être moins vulnérables aux agressions et tentatives de déstabilisations impérialistes, de « pouvoir » démanteler ce système oppressif.

C’est dans ce sens que nous avons évoqué l’érection du Sénégal comme modèle démocratique, dans le narratif dominant, afin de montrer le rôle de cette, classification de nos pays, institutions et personnalités par la « communauté internationale », dans la lutte idéologique menée contre les pays du sud en général.

Il s’agissait principalement pour les pays occidentaux, de nous fixer un objectif à atteindre, un agenda, en l’occurrence la démocratie électorale, qui vient remplacer le projet de libération de la domination néocoloniale et l’instauration d’une véritable démocratie économique ; ce qui permet d’exonérer ainsi l’Occident de toute responsabilité dans notre « sous-développement », qui résulterait de « l’absence de démocratie et de bonne gouvernance dans nos pays ».

L’acceptation de ce diagnostic de notre condition collective, posé par ceux qui vivent de notre exploitation, fait, qu’au lieu d’essayer de nous libérer de leur dépendance économique et de leur tutelle politique, nous cherchons à rivaliser entre nous pour exceller dans les objectifs qu’ils nous ont fixés.

Si de par leur position au sein de l’architecture impérialiste globale, les autres pays africains ne pouvaient pas jouer le rôle que le Sénégal dans la promotion de  la démocratie ils demeurent tout autant sous la tutelle occidentale, à l’instar de tous ces pays aussi bien dans l’espace dit francophone, qu’anglophone.

Cette stratégie consistant à dissimuler le pillage des ressources de nos pays derrière une alléchante vitrine vantant les mérites de la bonne gouvernance et du développement selon le modèle capitaliste est appliquée pour le Botswana et le Rwanda. Ce dernier pays, paradoxalement, jouissant de la grande complaisance des médias de ses alliés occidentaux, est devenu le nouveau modèle de leadership, et son pays celui du développement africain auprès d’une certaine jeunesse très réceptive au récit officiel dominant.

Pourtant, malgré les énormes dégâts humains causés par sa politique foncièrement anti panafricaniste, ils ne font pas l’objet d’autant d’attention de la part de certains militants panafricanistes qui depuis un certain temps, mènent une virulente campagne d’attaques concertées contre les nouveaux dirigeants sénégalais, qui visent d’une manière à peine voilée, même si leurs auteurs s’en défendent, le peuple sénégalais en général.

Si nous pouvons comprendre certaines de leurs inquiétudes et critiques, la forme et les méthodes par lesquelles elles sont exprimées, la légèreté sur certains points, suscitent quelques interrogations de notre part sur leurs réelles motivations.

Qu’est ce qui pourrait alors justifier autant d’acharnement sur le Sénégal ?

Nous pensons que c’est faire preuve d’une grande légèreté que de chercher à figer les peuples ou leurs dirigeants dans un essentialisme, dans la mesure ou rébellion, collaboration ou révolution se déroule au sein du cadre national qui oppose les frères d’une même peuple ou nation. C’est au sein d’un même peuple, d’une même ethnie que l’on rencontre oppresseurs et opprimés, collaborateurs et résistants.

Des révolutions n’ont–elles pas eu lieu dans bien des pays après des siècles de docile soumission à la tyrannie ?

Le peuple sénégalais à qui nous rendons un vibrant hommage, tout particulièrement à sa jeunesse, qui encore une fois à consenti d’énormes sacrifices pour le progrès collectif. Que les espoirs de certains soient déçus ou non, n’enlèvent en rien son grand mérite. Si certains frères africains trouvent des manquements à ce qui s’est passé au Sénégal, qu’ils rectifient dans la bienveillance, sans donner l’impression de souhaiter son échec, ou reproduisent l’expérience en l’améliorant dans leurs pays respectifs. Il ne faut pas tomber dans l’arrogance de certains « révolutionnaires » donneurs de leçons qui savent comment faire réussir une révolution qu’ils ne parviennent pas à faire ?

L’Afrique dans son ensemble demeure sous la domination étrangère, et il ne sert à rien de pointer le doigt sur les autres compatriotes tant que l’on n’a pas su résoudre la question néo coloniale.

De la même façon qu’hier les tirailleurs sénégalais étaient composés des ressortissants des pays voisins, les légionnaires d’aujourd’hui viennent d’Afrique et des « colonies » d’outre-mer. Cette collaboration avec les forces armées, entreprises et institutions qui participent à maintenir nos peuples sous le joug de l’impérialisme, concerne tous les experts et autres catégories professionnelles qui contribuent au renforcement de l’hégémonie occidentale.

Le rôle du Sénégal dans le dispositif de l’impérialisme français et global, en raison de sa position géostratégique, a ses inconvénients mais aussi des avantages. Les différents présidents du pays, quoi que l’on puisse leur reprocher, ont contribué à faire du pays un creuset culturel, accueillant dès les premières années d’indépendance des Africains de la lointaine diaspora caribéenne et de la sous-région.

L’ouverture au monde du peuple sénégalais malgré les risques qu’elle peut comporter, ne l’a pas empêché de chercher à conserver ses valeurs traditionnelles fortement malmenées par un système éducatif aliénant et la persistante crise économique.

C’est manquer de bon sens que de rejeter la démocratie , aussi imparfaite qu’elle soit, alors qu’elle pourrait servir de levier pour passer d’une démocratie qui favorise les intérêts économiques et financiers d’une minorité, à celle qui promeut la participation de la majorité du peuple aux décisions qui concernent leur existence.

Ce sont paradoxalement ceux qui rejettent la démocratie qui se plaignent de la censure sur les réseaux sociaux lorsque leur liberté d’expression est étouffée.

Nous devons refuser la division, au moment où tout le reste du monde s’unit autour de ses objectifs les plus prioritaires, et rompre avec ce type d’activisme qui profitant de la crédulité de certains jeunes, entretient de stériles querelles intestines sur fond d’attaques personnelles et d’affirmations souvent fallacieuses.

Le panafricanisme est un mouvement qui a connu divers courants et orientations en fonction des influences idéologiques de ses précurseurs. Certains ont flirté avec le Ku Klux Klan, d’autres avec le communisme, comme certains qui se disent souverainistes aujourd’hui se trouvent des affinités avec l’extrême droite. Dans cette même veine, il faudra bien admettre l’existence d’un nationalisme qui serait compatible avec le panafricanisme. Dans cette même veine, il faudra bien admettre l’existence d’un nationalisme Panafricaniste, comme l’atteste d’ailleurs le  cinquième congrès de Manchester, qui sans ambiguïté vulgarisa le slogan «l’Afrique aux Africains ».

Le panafricanisme n’a pas eu dès son « origine », une orientation particulièrement révolutionnaire. Comme toute idée, à l’image d’une graine, elle a vocation à grandir, produire des branches diverses tout en restant fidèle à ses racines ; sa vocation première qui est de mettre fin à la domination étrangère sur les fils du continent Africain.

Peut-on construire le panafricanisme des peuples en nous contentant seulement de raconter les biographies de ses précurseurs du passé, qui ; aussi méritoire que puisse être leur contribution dans la lutte de libération des Africains, ne sauraient être les garants de notre souveraineté et de notre dignité ?

Devrions-nous cesser de penser, de réfléchir, de nous poser des questions, de découvrir et redécouvrir des aspects méconnus par nos prédécesseurs.

Allons-nous continuer de penser notre condition dans les cadres idéologiques occidentaux ; comme si nous étions incapables de concevoir par nous-mêmes des idéologies politiques à partir de nos visions, croyances et expériences.

Est-ce une question de prestige d’appartenir à ces courants ? Quels sont les valeurs véhiculées par ces idéologies qui nous sont inconnues ?

Les faiblesses des partis africains dits de gauche étaient-elles d’ordre idéologique, stratégique, organisationnel, relevaient-elles d’une défaillance de leur leadership, d’un manque d’ancrage sociologique ?

Quelles ont été les erreurs commises par nos dirigeants qui pourraient nous servir à affronter les défis actuels ?

Comment articuler nos aspirations à celles que nous considérons comme des alliés historiques idéologiques ?

La gauche occidentale est-elle toujours anti impérialiste ?

Pour qui vote le prolétariat depuis des décennies et pourquoi ?

Quels types de solidarité dans un contexte de capitalisme transnational au sein duquel l’industrialisation des pays du centre d’une partie du globe repose sur l’étouffement des industries du sud, et la délocalisation fragilise le prolétariat des pays du centre ?

La meilleure façon de respecter la contribution des générations anciennes, c’est de considérer avec un regard critique leur immense contribution à ce combat de longue haleine auquel ils ont consenti d’énormes sacrifices.

Respecter leur héritage, c’est ne pas se contenter de louer leur mérite, encore moins de les idolâtrer, mais d’emmener ce combat jusqu’à la victoire finale, la libération totale. Cela implique procéder à une analyse critique de leur expériences et des raisons qui ont conduit aux échecs des luttes de libération du passé, si on ne veut pas continuer à répéter le cycle vicieux des espoirs déçus et de la récupération des batailles remportées, par l’ordre impérialiste global.

Le panafricanisme devrait se doter d’un programme politique, économique écologique, de procédures et d’un code de conduite entre Africains, et entre nous et le reste du monde, d’un calendrier fixant les différentes batailles à mener pour gagner ce combat perdu par les anciennes générations, qui ont fait leur part ; il nous appartient de faire la nôtre.

Ce contenu politique, économique et social du panafricanisme ses orientations futures, ne sera ni celui de Garvey, Malcolm, Fanon ou Sankara, il sera ce qu’en déciderons des Africains déterminés à venir à bout de la domination étrangère et restaurer la grandeur du continent Africain.

Pourquoi vouloir enfermer les idéaux de justice et de liberté, ou les universelles aspirations pour la justice et la liberté dans des frontières géographiques et spatio-temporelles ? N’étaient ce pas des Africains déportés hors du continent qui ont prôné la résistance contre la domination coloniale qui existait déjà sur le continent ?


Pourquoi ignorer la vivante contribution des masses anonymes dans la résistance africaine, qui ne se limite pas qu’aux rois, reines ou personnages exceptionnels ?

Où se trouve la place des « gens ordinaires », des femmes dans la lutte pour maintenir la famille, la culture et les traditions vivantes, celle des paysans pour conserver leurs terres ? Tout le travail académique se trouve confiné dans la bibliographie occidentale, sans aucun ancrage dans les réalités de nos populations, de leurs pensées et aspirations qui ne coïncident pas forcément avec ceux des rapports des institutions internationales.

Pendant encore combien d’années faudra-t-il faire la chasse aux faits du passé avant de nous engager de façon résolue dans le légitime combat contre toute forme de domination étrangère ?

Le paysan et l’ouvrier africains sont-ils obligés de connaitre la biographie des pionniers du panafricanisme pour comprendre la nécessité d’adhérer à un combat consistant à améliorer leurs conditions matérielles d’existence, nous défaire définitivement des conséquences de la domination étrangère dans les difficultés de notre vie quotidienne, et la déliquescence de nos sociétés ?

Notre principale préoccupation devrait consister en une meilleure compréhension des dynamiques sociales, afin de pouvoir utiliser de façon optimale les forces endogènes au service d’un projet de transformation de nos sociétés ? D’être près des préoccupations des populations, pour résoudre avec elles les problèmes de la communauté.

Pourquoi chercher à prouver notre humanité ou chercher à faire appel au sens moral de ceux qui ont mobilisé penseurs et scientifiques pour essayer de justifier le caractère foncièrement immoral et barbare de leurs politiques ?

Pourquoi évoquer les réalisations des peuples africains dans le passé, comme si nous croyons en la mission civilisatrice de la colonisation, alors que les flibustiers qui les premiers ont foulé le sol de nos pays n’étaient ni plus cultivés ni plus civilisés que nos ancêtres ?

Pensons-nous vraiment que l’Occident s’était trompé sur les peuples qu’il avait colonisé, qu’il considérait comme des sauvages à civiliser, et qu’il aurait suffi de leur montrer que nous avons eu un passé glorieux pour qu’ils cessent de nous imposer l’exploitation, le pillage et l’humiliation.

Les élites occidentales savent bien mieux que quiconque que leurs comportements, pour le moins pathologique, parce que destructeurs pour l’humanité et la nature, sont loin d’en faire des êtres supérieurs ; leur arrogance et prétentions de supériorité n’est qu’une façade pour cacher leur profonde vulnérabilité.

L’Europe n’a pas le monopole de la civilisation, de la raison, de la science et encore moins de la bonne gouvernance.

N’est-ce pas également un peu ironique de voir cette Europe qui se prétend rationnelle, à l’esprit scientifique, se plaindre d’être manipulée par les médias ?

Nous devons dépasser le temps des envolées lyriques anti occidentales et les effets d’annonces pour de véritables alternatives anti impérialistes à tous les niveaux, reconstruire nos sociétés avec plus de courage et d’abnégation.

Il est temps de sortir le militantisme africain de ces postures infantilisantes. Ce militantisme d’autoglorification, qui s’autorise à décerner des certificats de loyauté ou de trahison selon leur gré.

Cet intellectualisme qui réduit la vie de la pensée en un puéril exercice d’érudition et d’éloquence, qui nous fait tomber dans le commentaire permanent des initiatives des actions des autres nations, n’a aucun impact positif sur nos sociétés.

On ne saurait laisser le destin de nos sociétés entre les mains de leaders d’opinion, d’analystes qui ne seront pas comptables de leurs erreurs devant aucune instance émanant du peuple.

C’est faciliter la tâche aux puissances étrangères de nous imposer des leaders et de canaliser la colère des jeunes africains vers des chemins sans issues.


Le destin des peuples ne se décide pas dans les médias et « réseaux sociaux », qui en réalité, sont des relais des véritables réseaux de pouvoir et d’influence dont nous sommes dépourvus.

Ce type d’activisme nous enferme dans un engrenage où nous avons les yeux rivés sur les mouvements superficiels sans prêter aucune attention à ceux, souterrains, qui structurent nous servile condition.

Il risque en fin de compte de réduire le cri de « révolte de l’homme noir » en un pathétique spectacle « d’un ours qui danse » pour parler comme feu Aimé Césaire.

Il est peut-être plus facile de « distraire » les populations par des croustillantes révélations, comme dans un feuilleton sans fin, que de travailler à renforcer et élargir leur base organisationnelle et idéologique, de les organiser pour l’autodétermination économique et politique afin de faire face aux différentes manœuvres de déstabilisation des ennemis extérieurs et intérieurs dans nos différents pays.

Le combat n’est pas que militaire, il est d’abord et fondamentalement idéologique. La guerre que nous livrent les forces impérialistes occidentales n’est pas que militaire, elle est totale et affecte presque tous les domaines de l’activité humaine. Nous devons trouver des réponses adaptées à tous ces domaines ou s’exerce la domination sur nos sociétés.

Cette passivité devant notre condition collective, qui consiste à attendre « de bons dirigeants » est la plus grande victoire du néocolonialisme.

Nous ne pouvons pas engager un combat qui nécessite la mobilisation d’énormes ressources économiques et financières, avec des populations qui ont perdu la bataille idéologique ; dont le premier signe est de penser que leur destinée se trouve entre les mains de dirigeants que les Occidentaux ont désignés pour eux.

C’est accepter le fait que ceux qui devraient constituer les « forces » vives de nos différentes communautés, hommes d’affaires, autorités religieuses, paysans, ouvriers, académiciens et autres sont des veules entités dénuées de toute capacité de définir un agenda et de l’imposer au plus haut niveau de leurs sociétés.

Si nos Etats peuvent être plus facilement soumis aux pressions économiques et financières de la communauté internationale, aucune puissance n’est assez forte pour imposer à des consciences libres leurs choix dans la vie quotidienne.

On peut nous imposer une monnaie mais pas la façon nous voulons la dépenser. Les Occidentaux ne sont pas assez forts pour disposer de notre temps, de notre énergie et de notre volonté sans notre consentement.

Si les autres grandes civilisations qui furent l’objet des agressions impérialistes à l’instar de la Chine, la Perse entre autres, s’étaient contentées de répondre aux discours des Occidentaux, ils ne seraient pas en train de menacer leur hégémonie à l’heure actuelle.

Nous ne pouvons pas, après des siècles de déstructuration de nos sociétés, de destruction systématique et organisé du lien communautaire, pour éviter que ce dernier ne se traduise en véritable force politique, faire face, sans aucune organisation, à des communautés  sociétés biens organisées.

Le véritable courage ne consiste pas à continuer de perdre notre temps et notre énergie à répondre aux discours arrogants des Occidentaux, mais à faire face aux décisions politiques qu’ils nous imposent et qui affectent négativement nos existences au quotidien depuis des siècles, de chercher à contenir leur capacité de nuisance dans nos sociétés.

D’où l’intérêt de faire preuve de cohérence dans nos choix et décisions qui impactent les rapports de forces entre nous et le reste du monde.

Nous n’avons à porter notre espoir ni sur les dirigeants du Sénégal ni sur ceux de l’AES, mais sur notre capacité, nous, peuples africains, à nous mobiliser pour défendre notre souveraineté, notre dignité par nous-mêmes toutes catégories sociales confondues, parce qu’ils ne sont pas exempts de critique. Nous attendons d’eux beaucoup plus que des effets d’annonces et postures ayant un air de déjà-vu pour ceux qui ont assez de recul historique.

Nous ne considérons pas de façon systématique la prise de pouvoir à la suite d’un coup d’état comme un sacrilège mais elle n’est pas une panacée non plus.

Nous soutenons leur volonté de rupture d’avec les politiques néocoloniales et saluons certaines mesures que nous jugeons courageuses et pertinentes, mais nous ne saurions pour autant leur accorder un chèque en blanc concernant les choix qui peuvent affecter un continent qui ne leur appartient pas.

L’usurpation par les forces impérialiste du Panafricanisme d’en haut, devrait nous permettre de comprendre que la voie à suivre est d’essayer de construire celui des peuples afin de donner une base ferme. C’est l’absence d’implication des peuples qui a permis la perpétuation de la domination coloniale. Il n’y a pas de libération collective sans l’adhésion des populations.

Rien ne saurait justifier ces postures belliqueuses envers des pays frères d’autant plus, l’adhésion à tout projet ou organisation se fait librement ; et ne devrait pas dépendre de la seule volonté des dirigeants. Ces derniers passent, les peuples demeurent.

Les pays de l’AES, eux-mêmes, n’ont pas rompu toute relation avec les institutions impérialistes, car ils maintiennent le dialogue avec les Nations Unis et l’Union Européenne. 

Ceux que nous considérons comme nos alliés, entretiennent eux-mêmes des liens économiques et coopèrent dans certains domaines avec «  leurs ennemis ». La Russie, tout comme la Chine, entretiennent des relations économiques avec les Etats Unis et certains pays européens.

Quelle est notre feuille de route, à nous Africains, dans ce contexte de réajustement de la configuration géopolitique au niveau mondial, avec tous les risques de turbulences politiques et sociales que cela peut engendrer, dans cette rivalité dont nous sommes les enjeux, entre puissances anciennes et ré émergentes, qui d’ailleurs est loin d’être un phénomène nouveau ?

Il n’existe pas de projet définissant les orientations permettant de construire une alternative nouvelle qui, permettraient aux populations africaines de s’impliquer dans un projet qui est censé les concerner.

Les peuples africains n’auraient-ils pas leurs propres aspirations et exigences?

Les peuples sénégalais et africains ne doivent pas laisser leur destin entre les mains des politiciens.

De quel pouvoir pourrait disposer un peuple dont les dirigeants qu’il élit demeurent impuissants face à la « réalité du pouvoir » ?

Un peuple doit acquérir la maturité et les capacités organisationnelles lui permettant de se doter des dirigeants qui servent ses intérêts, d’élever le combat au niveau des idées, des principes, des objectifs à atteindre plutôt que sur l’attente d’hommes providentiels.

Un peuple doit être guidé par une vision, des principes, des codes de comportement partagés collectivement qui survivent aux leaders.

A tous les niveaux, les populations doivent être dotées des capacités leur permettant de s’organiser afin de pouvoir exprimer leurs avis sur les politiques publiques qui les concernent et de défendre leurs intérêts.

Il n’y a aucun pouvoir entre les mains d’un peuple qui, une fois qu’il a élu ses dirigeants, demeure impuissant devant l’arbitraire de leur pouvoir, un peuple qui se contente de pointer du doigt la « responsabilité » d’individus qu’il ne peut contraindre à assumer les conséquences de leurs actions.

Il n’y a aucun pouvoir pour un peuple qui n’est pas prêt à défendre sa souveraineté et dont la majorité des opportunités économiques, la satisfaction de ses besoins dépend des autres communautés.

Il n’y a pas de peuple libre et souverain lorsqu’il est maintenu dans l’ignorance de ses potentialités et des possibilités qui s’offrent à lui.

Toute transformation véritable de la société se fait avec les populations, il va falloir penser et agir avec elles.

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Dernière publication : 10/02/2025